La Cathédrale de Spire doit sa création à l’Empereur Conrad II, dit le Salique. La construction de l’église devait mon¬trer sa volonté de domination et est le signe de sa responsabilité face à Dieu. Lorsque Conrad fut inhumé dans la cathédrale, celle-ci était encore en travaux. Son fils et successeur, Heinrich III poursuivit ces travaux.
La cathédrale put être inaugurée en 1061 sous le règne de l’Empereur Henri IV, le neveu du fondateur. Cependant, à peine 20 ans après son inauguration, l’Empereur entreprit des travaux de transformation de la cathédrale qui revinrent finalement à sa nouvelle construction. Les parties situées à l’est furent transformées et mieux structurées. La nef cen¬trale obtint une voûte, la plus grande que l’on ait vue depuis l’antiquité. A l’extérieur, les murs furent agrémentés d’une galerie naine et de nouvelles tours plus hautes furent également édifiées. Lorsque Henri IV mourut en 1106, la cons¬truction de la cathédrale était achevée, et était autrefois la plus longue du monde. La Cathédrale de Spire est au¬jourd’hui, après la destruction de l’Abbaye de Cluny, la plus grande des églises romanes qui soit.
La Cathédrale de Spire fut régulièrement la proie d’incendies. Mais le coup le plus dévastateur qui fut porté à la cathé¬drale romane survint en 1689, lorsque pendant la guerre de succession palatine, les troupes de Louis XIV dévastèrent systématiquement le Palatinat. A l’intérieur de la cathédrale, les tombes furent ouvertes de force et pillées. La cathé¬drale prit feu et c’est surtout la partie ouest qui fut presque entièrement détruite. L’église venait juste de revoir le jour avec le bâtiment ouest de style baroque lorsque la Révolution française éclata ; la foule remontée donna libre cours à sa colère dans la cathédrale et détruit tous les autels. En 1806, elle devait être complètement rasée et servir de carrière de pierres.
Après le rattachement du Palatinat à la Bavière, suite aux décisions du Congrès de Vienne, le roi Maximilien Ier de Bavière fit reconstruire la cathédrale en 1817 comme église épiscopale. Au milieu du XIXème siècle, le roi Louis Ier de Bavière commissionna l’exécution de peintures de l’intérieur de la cathédrale dans le style Nazaréen. Peu de temps après, le transept ouest de la cathédrale ainsi que les deux tours frontales furent construits dans le style néo-roman par Heinrich Hübsch, un conducteur de travaux de Karlsruhe.
A l’occasion de la grande restauration de la cathédrale dans les années 1950, on fit disparaître les peintures du XIXème siècle. Afin de solidifier les piliers, on leur injecta du ciment et on redonna au sol son niveau d’origine en le rabaissant.