Le grand orgue

La question de l’orgue fut intégrée dès le départ dans les plans de la grande restauration de la cathédrale qui fut entreprise en 1996. Grâce à l’entremise du Chancelier fédéral allemand, le Dr. Helmut Kohl, la famille de l’entrepreneur Quandt mit à la disposition de la « Fondation européenne de la Cathédrale impériale de Spire » un don important pour la réalisation du projet de cet orgue. Ainsi la commission pour la construction de l’orgue put commencer ses travaux à la fin de 2005, avec pour objectif l’amélioration fondamentale de la condition de l’orgue dans la cathédrale. Après avoir pris en considération tous les aspects techniques et artistiques, on jugea que la construction de deux instruments était la seule solution appropriée pour la cathédrale. En 2008, l’orgue situé au-dessus du chœur royal fut terminé ; trois ans plus tard, ce fut le tour du grand orgue situé au-dessus du balcon ouest. On doit la construction des deux instruments à la manufacture Romanus Seifert &Sohn de Kevelaer (Bas-Rhin) qui fut fondée en 1885.

Alors que l’orgue situé au-dessus du chœur royal se blottit décemment entre deux piliers avec son coffrage en bois de chêne, on recherchait un autre langage de forme pour le grand orgue. La réponse à la question du coffrage a consisté à dire que la cathédrale mettait déjà un coffrage en pierre à disposition sous la forme de la niche du balcon. L’architecte y composa un paysage de tuyaux échelonnés sur quatre plans de profondeur, penchant de manière asymétrique vers la droite. Cette construction instrumentale est un projet du célèbre architecte Gottfried Böhm qu’il réalisa en étroite collaboration avec la manufacture Seifert. L’instrument complet se trouve rehaussé sur un grand plateau en acier si bien qu’il est toujours possible d’accéder au balcon situé en dessous.

Le grand orgue est composé de 5496 tuyaux qui se répartissent en 83 jeux sur 4claviers et pédalier. Le tuyau le plus grand est le grand do de la contrebasse 32’ (16 hertz) et a une longueur de 10 mètres. Cet orgue réunit en lui des d’acquis obtenus pendant de nombreux siècles dans le domaine de la facture d’orgues, aussi bien du point de vue technique que sonore. Les éléments mécaniques, électro-pneumatiques et électriques permettent à l’organiste un contrôle sensible ; la technique informatique lui permet d’exploiter de façon optimale le potentiel sonore presque illimité grâce aux assistances de jeux.

La conception sonore de l‘orgue entretient des rapports clairs avec la tradition des manufactures des régions du Palatinat, de l’Allemagne du sud et aussi de la France, pays voisin. Les chœurs principaux entièrement aménagés sur la base de 32, 16 et 8 pieds, qui en raison de leur intonation vocale s’expriment très clairement dans les 110 mètres d’espace de l’église, constituent la base de la sonorité. Le caractère de l’orgue avec ses racines régionales trouve son expression aussi dans le grand nombre des voix de flûte, d’instruments à corde et d’anches qui en raison de leur spectre harmonique aigu se caractérisent par une forte capacité de mixture. Ainsi, un très grand pont est jeté entre le style baroque et le style romantique. Au-delà des sonorités classiques, l’instrument est également particulièrement bien adapté à la musique symphonique d’orgue ; une flexibilité dynamique est obtenue par les deux grands récits expressifs jouables à partir du deuxième et du troisième clavier. La palette des couleurs sonores se complète par les voix solo très expressives obtenues par une haute pression du vent tout comme par une voix de clarinette romantique (avec soufflet) et un jeu de cloches (jeu céleste). Les deux instruments, l’orgue situé sur le du chœur royal et celui du balcon ouest sont des personnalités autonomes et peuvent aussi être joués ensemble grâce à des doubles tractions des notes mécaniques et électriques.

Christoph Keggenhoff

Disposition der Hauptorgel